Souvenez-vous de Witness, le film policier du réalisateur Peter Weir (1985) où Harrison Ford jouait un policier réfugié dans une communauté Amish. Voulez-vous plonger dans le décor du film ? Facile : à l’ouest de Philadelphie, un petit comté de l’état de Pennsylvanie a été élu par l’une des communautés Amish qui se sont implantées aux Etats-Unis. Il suffit de jeter un coup d’œil à la carte du comté et de lire le nom des villes : Strasburg, New Holland, Manheim, Salsburg… pour comprendre que ces colons sont arrivés du nord de l’Europe. Mais ces migrants là vivent leur rêve américain d’une toute autre manière.
Premier arrêt à Lancaster, paisible capitale du comté fondée au début du XVIIIème siècle (et ville intérieure américaine la plus ancienne), avant de filer à la campagne, cap à l’Est… Tout de suite, les champs à perte de vue saturent un paysage vallonné, ponctué d’éoliennes et de fermes blanches. Puis balade dans le Dutch County via les villages de Salsburg ou d’Intercourse, à la recherche d’images insolites. Elles ne tardent pas à surgir : une première carriole noire sur la route, tirée par deux chevaux et conduite par un barbu en bras de chemises, puis ces femmes en bas noirs, tablier et bonnet blanc au bord de la route… Plus loin, ces jeunes garçons au visage grave revenant en file indienne de l’école, vêtus comme leur père d’une chemise de coutil bleu et d’un chapeau de paille à larges bords.
Partager une vie simple
Frottez-vous les yeux tant que vous le voudrez, vous avez bel et bien remonté le temps. Vous voici revenu aux prémices du XVIIIe siècle, lorsqu’une trentaine de familles d’anabaptistes de Suisse germanique ont fui les persécutions de la Contre-Réforme pour se refugier au pays de la tolérance.
Leurs descendants (ils sont environ 20.000 en Pennsylvanie), les plus purs et durs, n’ont pas changé leurs habitudes de vie d’un iota, respectant l’application orthodoxe de la Bible. Pour eux, le temps s’est arrêté il y a trois siècles, avant l’indépendance, et toute personne étrangère est encore un « Anglais« . Ils appliquent la simplicité dans leur mode de vie, le refus de la modernité en général et de la technologie en particulier. A quelques heures de route de la centrale nucléaire de Three Mile Island, leurs convictions restent inébranlables : pas d’électricité, d’automobile, de radio ni de téléphone et l’usage d’un dialecte, le Pennsylvania Dutch, allemand local mâtiné d’américain (c’est pourquoi l’endroit est appelé « Dutch Country »).
Les visiteurs germanophones sont donc nettement avantagés dans les échanges… Car il y a échange : les Amish ont bien compris les vertus du tourisme. Ils vendent les produits de leurs fermes sur les marchés, ont ouvert des restaurants, des buvettes et proposent les merveilleux quilts cousus par leurs épouses à la veillée. Ne serait-ce que pour goûter aux délicieuses tourtes préparées avec les produits de la ferme ou boire une fraîche citronnade servie par une jeune fille en bonnet d’organdi, le voyage dans cette bulle de vie au ralenti mérite d’être vécu.
Site internet : https://lancasterpa.com/