Stephen Foster (Bardstown)
Bien qu’il ne soit pas originaire du Kentucky, le père fondateur de chanson populaire américaine est indissociable de l’Etat, ayant effectué de nombreux séjours à Federal Hill, sa très belle résidence remontant à 1795 qu’il est possible de visiter. L’auteur-compositeur est est même devenu le héros d’une comédie musicale, « The Stephen Foster Story », jouée en saison estivale depuis 1959 au My Old Kentucky Home State Park à côté de Bardstown, l’un des plus ravissants villages des Etats-Unis, sur les lieux mêmes qui lui ont inspiré bon nombre de ses chansons archiconnues, premiers « tubes » historiques du répertoire américain. « My Old Kentucky Home » (1853), chanson officielle du Kentucky depuis 1928, a donné son nom au parc. Une bonne partie de ses chansons comme « Suzanna« , l’hymne des prospecteurs de la Ruée vers l’or écrit en 1848, ou le nostalgique « Swanee River » (1851) rythme le spectacle en costumes se déroulant dans l’Amérique heureuse d’avant la Guerre de Sécession. Egalement au calendrier, Le Magicien d’Oz ou All Shook Up, et des concerts.
Rosemary Clooney House (Augusta)
Avant de devenir la tante de notre amateur de café en poudre favori, Rosemary Clooney a de quoi répondre à la question what else ?! Née en 1928 à Maysville, petite ville fluviale des bords de l’Ohio un peu en amont d’Augusta, au sud-est de Cincinnati, point de passage de l’Underground Railroad, elle a connu une superbe carrière dans le show-biz américain. Commençant par chanter à la radio avec l’une de ses sœurs, elle côtoya tous les plus grands de l’après-guerre, de Frank Sinatra à Bing Crosby ou Tony Bennett (qui chante maintenant avec Lady Gaga !), Dean Martin ou Louis Armstrong, ayant même un temps un show télévisé à son nom. Tournant dans plusieurs films, elle est surtout connue chez nous pour la comédie musicale « Noël Blanc » réalisée en 1954 par Michael Curtiz. Elle s’y retrouva en compagnie de Bing Crosby et Danny Kaye. Ce sera un énorme succès (diffusé chaque fin d’année) de même que la chanson titre composée par Irving Berlin. Sa chanson titre a même été reprise par Eddy Mitchell… Mariée deux fois à l’acteur José Ferrer (Le Toulouse-Lautrec de « Moulin Rouge » de John Huston, c’est lui !) avec qui elle eut cinq enfants, elle fut une proche des Kennedy. La belle demeure de 1835 où elle vécut plus de vingt ans a été transformée en musée. On y retrouve de nombreux costumes et des objets personnels, des souvenirs liés à Bing Crosby, Bob Hope, Barbara Stanwyck, Jack Benny, Vivien Leigh, Cary Grant, Jerry Lewis entre autres, ou aux films et aux chansons. Curiosité, le musée abrite aussi une salle consacrée à Heather French Henry, ancienne Miss Kentucky puis Miss America 2000, devenue l’épouse du gouverneur d’alors et femme d’affaires avisée…
Loretta Lynn (Butcher Hollow)
Au départ, rien ne laisse présager que Loretta Lynn va devenir une reine de la country au destin hors norme ! Sa vie a tout du mauvais mélo et pourtant, tout est vrai. Fille de mineur, elle naît dans cette région reculée des Appalaches en plein pays minier, dans une famille de 8 enfants avant d’être mariée à l’adolescence à son gourou Oliver « Doolittle » Lynn, un ancien combattant âgé de 21 ans. Se retrouvant avec déjà 4 enfants à 18 ans, grand-mère à 29, elle aurait pu sombrer comme tant d’autres mais ce fut la musique qui la sauva. Connaissant très vite le succès à ses débuts en 1963, au moment où la libération des femmes allait s’accélérer, elle devint une icône, ses textes parlant sans fard de la vie quotidienne et de sujets qu’on ne disait pas encore sociétaux, inspirant les Dolly Parton ou Tammy Wynette qui allaient marcher sur ses traces. En 2004, septuagénaire, elle se rappela à notre bon souvenir avec « Van Lear Rose » (un album portant le nom de la mine dans laquelle descendait son père), produit à Nashville par son ami Jack White des White Stripes (28 ans à l’époque), touchant ainsi les plus jeunes générations. Les cinéphiles se souviennent aussi de « Nashville Lady », « Coal Miner’s Daughter »– la fille du mineur de charbon – en V.O.), réalisé en 1980 par Michael Apted dont l’interprétation par Sissi Spacek fut récompensée par un Oscar. Le tout jeune Tommy Lee Jones tenait le rôle du cabossé « Doo ». On visite sa maison familiale, un peu paumée dans les bois traversés par la Country Music Highway (la U.S. Highway 23) qui aligne plusieurs sites liant le Kentucky à ce genre musical typiquement américain. Avec « White Christmas Blue », Loretta vient de sortir son premier album de Noël en 50 ans, une tradition bien ancrée chez les artistes américains !
Everly Brothers
Né à Brownie (avalée aujourd’hui par Central City, une quarantaine de km au sud d’Owensboro), en 1937, Isaac Donald « Don » et son frère Phillip « Phil », né à Chicago en 1939, formèrent l’un des plus grands duos de rock’n’roll de l’histoire. Nourries à la country originelle des Appalaches, leurs chansons sont construites sur des mélodies toniques autant qu’élégantes, et des harmonies vocales pleines de puissance et de séduction. Elles leur vaudront un succès phénoménal à partir de 1957 avec des records de vente pour « Bye Bye Love », « Wake Up Little Susie » (1957), « All I Have to Do Is Dream » (1958) reprise en France d’abord par Les Chaussettes Noires (« Line », 1962) puis Sheila (« Pendant les vacances », 1963). Il faut dire qu’ils étaient tombés dedans tout petits grâce à leurs parents. Leur père, Isaac Milford « Ike » Everly, Jr., a travaillé d’abord comme mineur (à 14 ans !), une tradition familiale. Il est devenu guitariste grâce à un musicien noir, Arnold Schultz, jouant avec Bill Monroe, et qui lui apprend un style de picking révolutionnaire avec le pouce, qu’il enseignera aussi à Merle Travis qui va le populariser. Ike épouse Margaret Embry Everly quand elle n’a que 15 ans. Passant au gré de leurs emplois dans les stations de radio à Chicago, dans l’Iowa, puis à Knoxville, leurs deux fils les accompagnent, chantant dès qu’ils ont 8 et 6 ans, sous le nom de « The Everly Family Show ». Après avoir rencontré Chet Atkins, directeur du studio RCA Victor de Nashville, ils y déménagent en 1955. Suite à leurs premiers tubes sortis à un rythme sidérant, ils tournent comme des fous en 1957 et 1958 avec Buddy Holly et ses Crickets, Chuck Berry, Paul Anka, Fats Domino, et Eddie Cochran ! Simon & Garfunkel, les Beach Boys, les Byrds et les Beatles reconnaîtront leur influence, Lennon et McCarney allant jusqu’à s’appeler entre eux « The Forevely Brothers » ! Un bel hommage… ! Avec le succès mondial des Fab Four et l’avènement de la pop, en prise avec divers soucis personnels, le duo ne retrouvera jamais la même inspiration même s’ils auront encore de beaux restes en solo d’abord, puis un come back en duo. Ils reprendront par exemple « Lay, Lady Lay » écrite pour eux par Bob Dylan en 1969 et qu’ils avaient refusé à cause des paroles trop explicites. En 1999, Don et Edan Everly donnèrent un concert de bienfaisance suite à des inondations : « The Everly Brothers for Kentucky Flood Relief ».
Merle Travis
Contribuant à créer le « Muhlenberg Sound« , du nom de son comté natal (la région de Central City), Merle Travis (1917-1983) est reconnu aujourd’hui comme l’un des plus importants guitaristes américains. Au contact d’Ike Everly (le père des deux frères) ou Mose Rager, il va développer son style unique de « thumbpicking » (où le pouce joue les basses), influençant notamment Chet Atkins, Winfield Scott Moore III dit Scotty Moore (le guitariste légendaire d’Elvis Presley inventeur de la guitare rock disparu en 2016), le bluesman Earl Hooker ou le Français Marcel Dadi. Auteur-compositeur inspiré (« Sixteen Tons »), ses chansons seront reprises par des artistes aussi différents que B. B. King, Bo Diddley, Johnny Cash ou Stevie Wonder. Clint Eastwood lui fera faire une apparition dans son chef d’oeuvre « Honkytonk Man » peu de temps avant sa disparition. Entre Drakesboro et Greenville sur la Hwy 176, un monument a été érigé en son honneur à l’Ebenezer Missionary Baptist Church.
Sont également originaires du Kentucky : Ernest Hogan, Ben Harney, Pete George Hampton, Sylvester Weaver, Arnold Schultz, John Brim, Leslie Coleman “Les” McCann, Lionel Hampton, la famille Crabb, Ray Smith et les Rock’n’Roll Boys, les Everly Brothers, Richard Hell & les Voidoids, Johnny Depp et les Hollywood Vampires (Alice Cooper et Joe Perry d’Aerosmith), Bonnie Prince Billy, ou encore My Morning Jacket.