A la fin d’« Autant en Emporte le Vent », Rhett dit en substance à Scarlett qu’il rentre à Charleston pour avoir enfin droit à la vie calme et paisible des gens heureux et apprécier la grâce incomparable des jours qui passent, en profitant de la douceur de vivre… Malgré les années, la déclaration de ce grand sentimental est toujours bien vraie. S’il y a un endroit où le Vieux Sud est toujours vivant, c’est bien ici !
Tous nos fantasmes autour des jours heureux d’avant la guerre de Sécession tournant autour de demeures patriciennes, d’un sens de l’hospitalité inégalé, des manières gracieuses, de l’honneur et de la dignité sont ici incarnés. Malgré les tremblements de terre, ouragans, incendies ou bombardements yankees, Charleston, au cœur de la Caroline du Sud, est sans nul doute l’une des villes sudistes les mieux préservées et la plus ancienne de l’Etat puisqu’elle a été fondée en 1670.
Au bout d’une péninsule, s’étirant entre les deux estafilades tracées par les Ashley et Cooper Rivers, l’une des plus anciennes villes américaines se découvre à pied ou en calèche.
Longtemps, cette ville vieille de plus de 3 siècles fondée par des Anglais venus de la Barbade, fut la plus grande et la plus riche ville du Sud. On adore ses ruelles pavées remplies d’odeur de jasmin, les demeures coloniales, les églises blanches, les restaurants savoureux où l’on hume la soupe de crabe, les plantations des environs, boutiques d’antiquités, vieux forts ou phares antiques. Innombrables sont les maisons patriciennes ou les hôtels particuliers flanqués de volets en bois et aux façades rythmées de balcons en fer forgé par les esclaves amenés des îles et agrémentés de jolis jardins cachés et de patios secrets à la végétation fournie.
Elles jalonnent la visite de ce gigantesque musée en plein air au degré de conservation exceptionnel, le tout dans une ambiance caraïbe due aux palmiers, au climat tropical et à la nonchalance locale que l’on pourra étudier en flânant le long de Colonial Lake, apprécié des joggeurs, mais aussi sur le Waterfront Park, joliment paysagé le long de la rivière avec fontaines et trottoirs en bois, ou près des plates-bandes des White Point Gardens dans le quartier de Battery, à l’extrémité de la péninsule.
A proximité, la Calhoun Mansion (16 Meeting Street) est l’une de ces belles résidences datant de la fin du XIXe. A certaines périodes de l’année, de nombreux logis privés classés s’ouvrent aux visiteurs lors des «candlelight tours ».
Malgré des airs parfois déglingués (l’air marin n’arrangeant rien), le centre-ville ne manque pas d’un certain chic, ce qui lui permet d’être régulièrement placé au sommet des villes américaines les plus agréables pour le tourisme.
La cité sans aucun gratte-ciel entretient son petit côté un rien snob. C’est ici qu’est né le premier club de golf américain ainsi que le premier parcours, Harleston Green, en 1786. Il n’y a pas de hasard…
Tout au long de l’année, la ville est animée par une série impressionnante de manifestations culturelles ou sportives dont le Spoleto, tournoi de tennis international (17 jours de fin mai à début juin), le grand festival artistique (vaste méli-mélo de jazz, danse, théâtre, musique classique), les fameuses régates et courses au large qui font de la ville un paradis de la voile, ou encore le Moja Arts Festival qui, en octobre, célèbre le théâtre, la danse et le cinéma du monde afro-américain et caribéen. Inutile de vous dire qu’il faut vous y prendre encore plus tôt que d’habitude pour trouver l’hébergement de vos rêves à ces périodes là.
A l’origine, Charleston était un port alimentant en esclaves les plantations de riz, d’indigo et de coton de la région. On estime qu’un tiers des esclaves passa par son port protégé par une superbe rade. Le Slave Mart Museum, situé à l’endroit même où eurent lieu les dernières ventes d’esclaves en 1863, raconte cette histoire.
Autre haut lieu historique : Fort Sumter, aujourd’hui classé Monument National et sur lequel, le 12 avril 1861, furent tirés les premiers coups de canon de la Guerre de Sécession.
Au premier étage du marché local, le Confederate Museum démontre l’étroite imbrication de Charleston dans la Guerre de Sécession et d’une certaine manière, le regret éternel de cette cause perdue, à travers des objets à la simplicité émouvante. Le quartier est sans doute le plus touristique de la ville avec nombre de boutiques de souvenirs, de tee-shirts, d’épices et de paniers typiques.
Très libérale en matière religieuse, la cité doit son surnom de « ville sainte » à plus de 180 églises qui, à travers les siècles, ont survécu aux tremblements de terre et aux ouragans qui ont frappé la côte à de nombreuses reprises.
On ne peut pas parler de Charleston sans évoquer le rythme inimitable d’une danse illustrant la frénésie des années folles et qui venait d’un « tube » d’un show de Broadway « Runnin’ Wild ».
Le Charleston Museum, le premier musée d’Amérique (avec des collections commencées en 1773 !), expose d’innombrables objets racontant l’histoire de la région, tandis que plusieurs maisons ayant appartenu aux plus grandes familles de la région qui avaient fait fortune avec le riz, sont ouvertes à la visite.
Heyward-Washington House, Joseph Manigault House, Aiken-Rhett House, Nathaniel Russell House : Ces demeures néo-classiques ont été conservées intactes et invitent à remonter le temps… Plus bucolique, à l’extérieur de la ville, la Route 61 remontant l’Ashley River passe par une série de plantations assez superbes dont plusieurs peuvent également se visiter.
Charleston regorge d’hôtels de charme, d’auberges historiques ou de B&B stylés. Le soir venu, les occasions de boire un verre ou d’écouter de la musique « live » ne manqueront pas. Procurez-vous un exemplaire de l’hebdo gratuit City Paper et vous aurez toutes les adresses !
Site internet : https://www.charlestoncvb.com/